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#1 Montpellier - Milan : départ et des pâtes

Vers Milan

Ça y est, c’est aujourd’hui, enfin c’était le dimanche 1er Septembre. Au moment de partir prendre le bus, c’est la panique intérieure. J’y vais là, vraiment, je ne reviens plus avant un moment. Panique, parce que c’est passé sans transition de “Je suis en train de (me) préparer” à “C’est maintenant” ! Je n’arrive pas à me rappeler si c’était pareil en partant début 2017. J’ai stressé aussi parce que sur le site des trams il y avait marqué Aucun horaires pour ce jour là. Et j’ai pas envie de rater le premier transport d’une longue série. Donc j’y vais en marchant. Je sue et je suis désolée d’avance pour mon ou ma future voisine.

Pour le coup, marcher m’a bien calmé. Je me suis souvenue, comme une illumination, que marcher c’est être chez moi. La même sensation que pendant la randonnée sur la route des fromages. Donc je peux être chez moi à peut près partout, c’est pas mal. Le bus est avance, j’ai le temps de sécher ma sueur quand même. J’ai une voisine toute menue de Malte (ha non en fait elle est italienne et s’appelle Malta, je l’ai compris après). Elle est super sympa, on parle peu, mais je suis bien installée dans ce bus. C’est un “c’est parti” serein cette fois, avec les lumières de la nuit qui nous emmène vers Milan. D’ailleurs, je vous recommande ce groupe pour ce type de trajet :

Après c’est le jeu de quelles sont les meilleures positions pour dormir dans un espace confiné. Côté couloir c’est moins facile, mais j’ai la chance d’avoir une toute petite voisine et pas un colosse. Le genoux gauche contre l’accoudoir et 1 ou 2 t-shirt comme cale nuque font l’affaire. La nuit est complètement différente quand le contenant bouge. Et c’est comme une aventure de se réveiller plusieurs fois pour voir combien de temps s’est écoulé depuis que l’on s’est assoupi : 30 minutes, 2 heures, plus ? Et regarder les gens, ceux.celles qui ne bougent pas de toute la nuit, ne dorment pas, imaginer leur destination, leur vie.

Milan

Arrivée à Milan, il pleut des cordes. Le métro est classe, les milanais aussi. Les gens sont beaux et sophistiqués, j’ai l’impression dans la brume d’une nuit quand même un peu agitée. Je mange un peu et laisse mes affaires dans une guesthouse chouette près de la gare d’où je repartirais 2 jours plus tard. Je me surprend à être un peu timide et mal à l’aise d’essayer 3 mots en italien, vite, vite que la voyageuse en moi se réhabitue ! Longue marche dans Milan, le soleil revient, le Duomo est géant et plein de pigeons (à l’extérieur).

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Je confirme, les milanais sont vraiment stylés : robes, talons, costards et cravates originales. Des quinquas dynamiques pédalent en mode super classe sur leur vélo sans suer et les milanaises vont à fond sur leur Vespa assortie à leur casque sans déranger leur coiffure. Il doit y avoir des terrasses de dingue parce que partout la végétation coule des toits et des fenêtres. Il y a aussi les livreurs à vélo partout, des sacs de toutes les couleurs, beaucoup plus variées que ceux.celles qui pédalent.

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Grosse sieste. Gros kiff sur les cabines téléphoniques tellement design qu’on ne sait pas si elles viennent du passé ou du futur.

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Les deux jours d’après, je m’adapte un peu à ce sas temporel et géographique qui va m’emmener au Japon. Je n’arrive pas trop à être dans le moment présent, je pense au Japon, j’essaie d’apprendre le japonais 1 heure pas jour, je dors beaucoup, je cherche les parcs dans la ville (après la rando, la nature me manque un peu). Heureusement il y en a plein à Milan. Je mange pizzas, glaces, raviolis, tout est trop bon ! Tout le monde boit du Spritz en terrasse, c’est marrant c’est orange. J’ai Ange en viso-conférence qui m’explique plein de choses sur le Japon, c’est passionnant, j’ai d’autant plus hâte. Je me rend compte aussi qu’il faut que je bûche parce que plus j’apprends plus je me rends compte que je ne sais rien ! Il m’encourage à mettre la priorité sur l’oral et les bonnes intonations (en écoutant un max de japonnais) pour me faire plus facilement comprendre et parler avec les gens. J’ai peur mais j’ai encore plus enviee d’y être !

A Milan, j’étais curieuse du design et de la mode, je vais au Triennale. Le site disait que c’était fermé, mais j’y vais quand même après le coup du tram. Bon c’était bien fermé (changement entre 2 expos), mais la librairie est ouverte, et c’est ce que je préfère presque dans les musées. Je peux voir par procuration la collection permanente et l’expo qui s’est terminée il y a quelques jours dans les catalogues. En rentrant je passe par la rue du luxe. Ça me questionne. Le design, et plus largement la mode ou l’architecture. Travailler sur la fonction et l’esthétique des choses. Les intentions derrières et comment tout ça nous façonner indirectement ?

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Je rencontre Silvia dans la guesthouse, elle dors au dessus de moi. On accroche bien. Elle est de Venise et vient passer des examens pour entrer en fac de psycho, elle lit énormément, fait de la photo. Vraiment, elle pourrait être chargée du marketing du tourisme en Italie tellement elle est passionnée (à pour part l’administration et la ponctualité des trains). Elle dit souvent

“beautiful, beautifuull, beautifuuull”

avec son accent italien et ça me ravie énormément. Elle s’insurge contre les gens qui mettent les pâtes dans l’eau avant qu’elle bout. Selon elle, même les meilleures pâtes italiennes dans une eau qui ne bout pas encore serait moins bonnes que des pâtes normales cuitent dans une eau qui bout. Vous êtes prévenu.e.s.

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Au gré des rues, il y a pas mal de street art plus ou moins engagé. J’apprends que les italiens aiment bien contester via l’ironie, comme cette sculpture de Maurizio Cattelan devant la bourse Milan. Qui pourrait être interprété comme un fuck littéral à l’institution financière, ou aussi vers le régime fasciste et à la violence en reprenant le même matériau et le même style que le bâtiment de la bourse, représentatif architectural de ce mouvement.

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Bref, je n’ai pas visité plein de choses, j’ai surtout mangé, marché et dormi, et c’est déjà pas mal pour honorer Milan. Chacun son rythme. Ce soir je prends le train de nuit pour Munich, on va voir si c’est la galère comme Silvia disait, suspense … J’y rejoins Abdul, et Beatriz qui nous héberge. Prochain billet à la fin de mon séjour à Munich.

#2 Milan - Munich : les copains avant les wursts