C’est même difficile de rester assise. Je discute quand même avec deux bretons qui sont venus de Bretagne en voiture pour venir voir les matchs de rugby ! Tu parles d’une aventure ! Ils sont partis mi-juillet, en passant par l’Europe puis les pays en -stan (Kazakstan ect..), puis par la Russie. Ils forment une super équipe, l’un gère toute la mécanique (parce qu’en plus ce n’est pas une voiture toute jeune) et l’autre l’administratif, les visas … Quelques galères mécaniques, de belles rencontres, des fois des échanges limités sans l’anglais, beaucoup, beaucoup d’heures de route, des bivouacs … c’est devenu leur quotidien. Ils était très content d’arriver au Japon, et il y aura sûrement le retour uniquement par la Russie ensuite.
Pendant toute la nuit, je me réveille à intervalle régulier et je me demande si on va couler. J’essaie d’imaginer comment sortir du ferry si on se retourne, par où l’eau va rentrer, mettre mon passeport et téléphone dans deux pochettes plastique, même si c’est sûrement pas utile dans ce cas là. On prend des vagues dans tous les sens, mais je sais bien que si le ferry est parti c’est que ça va le faire. Finalement, le matin, il fait beau, ça bouge encore mais moins, et on voit les côtes du Japon, youpi !!
J’ai l’impression que ce jour là va être un peu compliqué. Je dois passer l’immigration et avoir les bons papiers pour mon visa vacances-travail, prendre un premier train pour Yonago, puis trouver le bus pour Osaka, puis le metro, puis arriver à l’auberge. Et en fait, j’avais oublié comment est le Japon. Tout est clair, pratique, bien indiqué, bien organisé. J’arrive à la guesthouse à Osaka à 16h, je peux même faire la sieste !! Joie ! Je suis enfin arrivée !
Je retourne dans cette guesthouse où j’ai déjà séjourné lors de mon premier voyage au Japon car le gérant est trop sympa, et c’est dans un quartier tout calme près du centre ville. C’est près de Korea Town (le gérant est coréen), et dans les petites rues on dirait un village, mais il y a deux stations de métros à 10 minutes à pieds, des magasins et des restos pas loin. C’est tranquille et pratique. Je ne réalise pas encore vraiment que ce mois de voyage transit est terminé, j’ai atteint mon but et maintenant c’est la vrai aventure qui commence, celle du Japon !
Je passe une dizaine de jours à Osaka entre repas japonais, administratif, repos, retrouver le plaisir perdu de faire les courses et la cuisine (et oui, ça m’a manqué au bout d’un mois !), continuer d’étudier le japonais et essayer de parler aux gens dans des rendez-vous d’échange de langues, et plusieurs autres aventures !
Au niveau culinaire, pour chaque jour un nouveau plat ! Okonomiyaki (que je m’entraîne aussi à faire à la maison), takoyaki (deux spécialités d’Osaka), tenpura, udon, sushi … Wahou, tout est délicieux !! Avec la maison internationale d’Osaka, je dégotte aussi un cours de sushi avec dégustation ensuite pour vraiment pas cher, génial ! Aussi, faire les courses au supermarché est en soi une visite. Il y a plein d’ingrédients différents, des milliards de sauces, beaucoup de poissons, des choses inconnues.
J’en profite pour refaire des tests d’Okonomiyaki (la crêpe japonaise au chou) avec des ingrédients locaux. La première fois c’est pas vraiment ça, j’ai oublié des ingrédients et c’est tout plat. Bon c’est jamais mauvais avec la mayo et la sauce brune spéciale achetée déjà faite. La deuxième fois, j’ajoute deux éléments cruciaux : du tonkasu (des brisures de tenpuras, un peu comme des petits bouts de friture croustillant) et un légume de la montagne au nom oublié qui fait un jus visqueux une fois râpé et qui donne une super texture à la crêpe. Cette fois, c’était vraiment trop bon ! Et comme toujours, je me merde un peu pour les quantités, j’avais 3 fois trop de choux, donc j’ai congelé pour les prochains qui veulent en faire (ou moi quand je reviens à défaut de volontaires).
J’en ai mangé au restaurant aussi, avec les allemands qui étaient en même temps que moi à Osaka. C’était vachement encore plus meilleur, mais c’est normal, il doivent avoir une recette spéciale. C’était super sympa de les revoir, d’écouter leur récits de voyage, de savoir où ils sont allés au Japon, super soirée.
Au niveau du japonais, c’est un peu compliqué. Ça m’aide bien d’avoir commencé à apprendre avant de partir, mais je pars quand même de loin ! Je ne comprends rien, et je ne sais pas dire grand chose. Par contre, c’est toujours un plaisir d’apprendre, et presque chaque jour je vais dans un café pour écouter mes leçons et pratiquer. Au fur et à mesure, j’apprends mieux comme j’apprends (ou comme je n’apprends pas). J’ai toujours l’impression de connaître quelque chose après une leçon, mais si je ne le répète pas et le réapprends plusieurs fois, c’est déjà sorti de mon cerveau. C’est un poil frustrant, parce que je veux aller plus vite, mais je m’y habitue. Chaque petite victoire est géniale du coup, comme quand j’arrive à dore « sur place » pour mon café et que le serveur comprends direct (mais ça ne marche pas à tout les coups haha). Il y a aussi « où sont les œufs » au supermarché et « mmhh c’est un peu grand » en rendant des affaires dans un magasins de fringues d’occasion. C’est à peu près tout haha.
Pour essayer de me mettre dans le bain et à l’action, je mets toujours la télé à la « maison », la petite guesthouse trop bien, et je suis allée aussi à deux meetups d’échange de langue. Le concept : des personnes de toutes nationalités se retrouvent pour pratiquer plusieurs langues, souvent l’anglais dans un café ou un bar. Osaka a la réputation d’être remplie de gens ouvert et accueillant, et c’est mon impression ! Alors peut être que les japonais.es que j’y ai rencontré l’étaient d’autant plus parce qu’intéressés par d’autres langues et souvent ayant voyagé à l’étranger. C’est toujours un peu stressant au début de rencontrer des inconnu.e.s et surtout d’essayer de parler japonais, mais il y a aussi des japonais.e.s pas à l’aise en anglais, donc ça relaxe tout le monde. Au final comme je ne peux pas dire grand chose, je fini toujours par parler 99% en anglais avec 3 mots de japonais que je connais, mais c’est le début d’une mise en situation !
Du coup, comme c’était plutôt étude du japonais et visite gastronomique que culturelle. Je n’ai pas trop visité Osaka par rapport à ce que j’avais vu la dernière fois, même si je me suis pas mal baladé. Pour joindre l’utile à l’agréable, j’ai fais une fois du jogging dans le parc du château d’Osaka. Sport et visite, deux en un ! C’était vraiment agréable, il faisait trop bon et le paysage était magnifique.
Côté administratif, j’avais une mission cruciale pendant ces dix jours : faire ma carte de résidente. Au moins aussi importante, voir plus, que mon passeport vis à vis des autorités japonaises, ce sera un peu comme ma carte d’identité ici, vu que je reste avec un visa qui n’est pas un visa de tourisme de trois mois. Normalement, j’aurais du la recevoir à mon arrivé au Japon, mais comme je suis arrivée dans un port et pas un aéroport, j’ai juste eu un tampon en plus sur mon passeport. Par contre, ça ne me rajoute pas forcément plus de paperasse, parce que même si on l’a à l’aéroport on doit aller dans l’équivalent d’une mairie pour faire enregistrer son adresse, et du coup je vais faire les deux en un.
Le gérant de la guesthouse est trop sympa, et est d’accord pour que j’utilise cette adresse comme adresse de résidence. Vu que je vais pas mal bouger et revenir de temps en temps à Osaka, ça m’évite de déclarer à chaque fois une nouvelle adresse, et il récupérera mon courrier, trop trop gentil ! J’ai lu que la démarche prend une après-midi, donc j’y vais vers treize heure trente, mais un événement me fera arriver un peu plus tard …
Sur le chemin de la mairie de quartier, je prend un petit détour par une route plus petite parce que je suis au soleil et il fait vachement chaud. Un peu plus loin je trouve un papi tombé par terre !! Je l’aide à se relever, et à avancer en le tenant, en essayant de comprendre où est sa maison si c’est loin. Il parle un peu anglais, je comprends que c’est pas loin, mais je ne comprends pas où exactement. Il dit que ça va, mais il a pas l’air bien. On fait un peu des pauses, je sais pas trop quoi faire, j’hésite à arrêter quelqu’un, c’est vrai qu’il fait vraiment chaud. Finalement un homme s’arrête et prend les choses en main, il se trouve que c’est un chef de police du coin ! Il met le papi à l’ombre, lui demande le numéro de sa famille, appelle, appelle aussi la police et une ambulance, et tout le monde arrive au fur et à mesure. Je m’en veut de ne pas avoir eu les bons réflexes et d’avoir fait avancer le papi plus que de raison. J’explique comme je peux (avec des gestes et le traducteur) que je l’ai trouvé assis par terre aux ambulancier, mais qu’a priori il ne s’est pas cogné la tête. Après ils n’ont plus besoin de moi, et je continue jusqu’à la mairie, un peu troublée tout de même par les événements. J’espère que le papi va vite aller mieux !
A la mairie, une dame trop gentille m’aide à remplir un papier tout en japonais qui me permet de prendre un premier ticket, je fais la queue, et assez rapidement on m’appelle, j’explique pourquoi je viens en anglais, on prend mon passeport, il se passe des choses inconnues, puis je dois prendre un autre ticket pour attendre autre chose, mais je ne sais pas exactement quoi. Là c’est plus long, mais enfin on m’appelle (heureusement il y a un grand panneau qui affiche les numéros). Là en fait on me donne des informations sur Osaka et un autre papier pour aller faire la démarche auprès de la sécu japonaise (obligatoire), pour la carte de résident c’est ok ça va arriver par la poste.
Là je dois aller à un autre étage prendre un autre ticket et attendre encore. Mais le personnel est au taquet, ça déroule, et c’est mon tour. Là c’est un peu plus compliqué parce que la personne parle peu anglais, et il y a un point qui restera obscur tout le long de l’entrevue. Je comprends que je vais recevoir un courrier avec des indications et des documents à prendre pour revenir et récupérer ma carte de sécu (et payer les cotisations accessoirement), à faire dans les 3 mois. Mais je devrais avoir un « seal » elle me dit en anglais, et je ne comprends pas ce que c’est. Finalement au bout d’un moment on arrête, ça à l’air d’être ok.
Finalement j’en saurais plus une fois que recevrais le dit courrier. Le gérant de la guesthouse m’aide à le lire et m’explique qu’il me faudra revenir avec ma carte de résidente, un papier relatif à un compte en banque japonais à créer, et le fameux truc. Un tampon ! En fait souvent au Japon, les gens ont un tampons personnel tout petit et rond qui fait office de signature. Je ne sais pas si c’est partout comme ça. Là il faudra que j’aille dans un magasin qui fabrique des tampons près de la mairie de quartier, avec mon nom en alphabet japonais et ça prend une heure environ. Encore un peu d’administratif à faire en décembre ! Entre temps je vais faire un échange de service à la campagne.
Un moment un peu moins agréable a été le passage (quoique lointain d’Osaka) d’un des multiples typhons qui secouent le Japon à cette période. C’était un peu flippant de suivre l’arrivée du typhon, de ne pas savoir s’il allait vraiment faire des dégâts à Osaka ou pas (même si tout les japonais avaient l’air trop zens), même si c’était annoncé que ce serait moindre qu’ailleurs, notamment dans la région de Tokyo et sa campagne au sud, déjà touchées par le typhon précédent. En quelques jours, je me suis familiarisés avec les préparatifs et les dégâts potentiels d’un typhon (débordement de rivière, inondations, vents extrêmes …) et aux niveaux d’urgence japonais (quand évacuer sa maison) ainsi qu’aux applications d’urgence pour les étranger qui donnent des informations et le niveau d’alerte selon sa localisation.
Heureusement, il y a un groupe d’expatriés français bénévole qui ont crée depuis un moment une page explicative en français, avec toutes les bonnes pratiques simples à connaître (quoi faire en cas de coupure d’électricité, comment décider d’évacuer ou pas), qui ne m’ont pas directement servies mais bien rassurée. Finalement, l’impact a été encore moindre que prévu à Osaka, mais assez dévastateur dans la région citée plus haut. Et du coup, d’être au Japon à ce moment là, de voir les images à la télé, ça a donné une dimension beaucoup plus réelle au typhon qu’avant. Avant c’était un inconvénient qui avait annulé mon ferry. Là c’était une vrai catastrophe qui peut tuer des gens et détruire des maisons dans le pays qui m’accueille. Pas tout à fait pareil.
Ici c’est normal, et tout est bien organisé, mais ça fait bizarre au début toutes ces manifestations virulentes de la nature ! Par exemple, un gars m’a un jour demandé combien j’avais vécu de tremblements de terre ne France … ben zéro !! Et lui ? Oh, il ne compte plus, peut-être plus de cents ! Après c’est souvent de faible magnitude et ça fait peu ou pas de dégâts, mais quand même !
Pendant ces dix jours, je retrouve aussi un aspect du Japon que j’avais beaucoup aimé la dernière fois : la praticité des choses. On a vraiment l’impression des fois que des gens ont vraiment tronché longtemps pour créer des choses super pratiques, comme par exemple Des sièges de WC chauffant, on s’y habituent beaucoup trop vite Les bouilloires qui ont un bouton pour bien se fermer et garder l’eau chaude Les portes automatiques partout dans les magasins et trains Le fait que dans les cabines d’essayage (où il faut enlever ses chaussures), des fois les employés remettent vos chaussures dans le bon sens de la sortie pour que ce soit facile à enfiler … et j’ai l’impression qu’il va y en avoir encore !
Maintenant, c’est parti pour l’échange de service !