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Vie au Japon : Bienvenue à Takahara

Voilà deux semaines que je suis arrivée à Takahara, petit petit village dans les collines où je réalise mon premier échange de service au Japon ! Après 10 jours à Osaka, un train et un bus, je suis contente d’arriver à la campagne. J’étais venue dans cet hôtel traditionnel il y a un peu plus de deux ans pendant une randonnée, et j’avais adoré. C’est tout à fait conforme à mon souvenir, avec une magnifiques vue sur des collines derrière des collines derrière des collines, avec souvent de la brume magique entre elles.

C’est Jian le propriétaire qui est venu me chercher à l’arrêt de bus avec sa petite camionnette. Il parle anglais avec un accent espagnol, il a vécu en Espagne quelques années. Il gère cet endroit depuis 13 ans grâce à un concours de circonstance. Auparavant chauffeur de taxi, il avait emmené des gens en costard qui lui avait dit d’attendre une heure à cet endroit. Demandant pourquoi, il apprend que des rendez-vous sont en cours pour construire ici un lieu d’hébergement le long du Kumano Kodo, cet ancien pèlerinage, et que des gérants multilingues sont recherchés. Et il saisit l’opportunité !

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Une fois arrivé, on fait le tour du propriétaire, dit bonjour à tout le staff (j’oublie déjà les noms), et je m’installe dans ma chambre, une magnifique hutte ronde. Enfin plus qu’une hutte quand même, c’est comme un tube dont les murs épais sont en terre, et le toit en bois. A l’intérieur, c’est plutôt petit, mais on rentre un lit de type futon, un canapé, un petit meuble, et il y a un vitrail et des belles branches au plafond où je peux suspendre mes habits. Des fois il y a des petites bêtes, mais à part ça, c’est la grande classe.

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Les premiers jours, c’est un peu la douche infinie d’informations. Nouvelles personnes, nouveau lieu, nouveau travail, plus de japonais, je mets du temps à me rappeler des choses mais ça vient au fur et à mesure. Les jours de « travail », je travaille de 10h à 12h pour aider à faire les lits et nettoyer les chambre. C’est assez chouette parce qu’il y a une baie vitrée dans chacune, et on voit les montagnes tout le temps. Et la literie est trop pratique, particulièrement la housse de couette qui a en fait un grand trou du côté vers le plafond, et c’est vachement plus facile à enfiler ! Pour le ménage aussi (évier, meubles), des chiffons blanc légèrement mouillé sont utilisés pour frotter tous types de surfaces, même en cuisine. Puis c’est lavé et réutilisé ! Les éponges c’est juste pour la vaisselle.

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Ensuite c’est temps libre, et de 17h à 21h j’aide dans la salle où les invités mangent le soir. Le repas est servit dans plein de petits ramequins et assiettes diverses trop jolies. La plupart des plats sont froid, donc on met tout sur la table avant l’arrivée des convives. Il y a aussi un genre de barbecue japonais : un joli récipient par personne en fonte avec une bougie dessous qu’on allume quand le repas commence. Généralement j’aide à mettre les plats dans les petits ramequins puis à mettre tout sur les tables. Ensuite, on accueille les invités, on explique les plats, on lance le barbecue, puis comme la table est bien remplie, on débarrasse au fur et à mesure les plats terminés. On amène du riz chaud, puis un petit dessert à la fin : un sorbet à la framboise, miam !

Généralement, les gens qui mangent le soir et dorment ne sont pas japonais, sauf de temps en temps. La plupart font la randonnée ancien pèlerinage qui passe juste à côté. A midi, la clientèle est majoritairement japonaise.

La journée est rythmé par les invités, le midi et le soir, on mange après eux. Il y a souvent des restes, et en plus la super cuisinière nous fait des trop bon plats (plus simples que ceux qui sont servis au menu, mais c’est quand même trop bon, et souvent on mange les reste ou le surplus s’il y en as). Des nouilles soba, des salades, des espèces de gros steak maison aux oignons, du riz sautés, divers légumes marinés, du poisson rôti, des sashimis … et c’est toujours super bien servis. Je crois que je vais gagner quelques kilos ici !

Il y a une dizaine de japonais.es dans le staff, certains qui travaillent le matin et le début d’après-midi, d’autres du milieu d’après-midi au soir. Il y a Marimoto-San, la super cuisinière qui parle juste japonais et qui me fait un peu peur mais elle est trop gentille à la fois. Il y a Jian-San, le gérant, et sa femme qui parlent anglais sont trop gentils et drôles. Il y a aussi mon nouveau meilleur ami japonais, Gueshi-San, un papi japonais fan de chat qui est aussi sage caché dans la montagne. Il est super patient et m’apprend du japonais tous les jours (enfin il essaie, moi j’oublie !). Il parle un peu anglais, mais il est surtout équipé d’un Pocketalk, une petite machine qui traduit et parle presque instantanément. Du nom des fleurs à la raison de l’existence de l’univers, il faut s’y reprendre à plusieurs fois, mais ça marche toujours ! Il est super patient avec moi, il entend surtout « Wakarimasen » (je ne sais pas / je ne comprends pas) et « Moo ichido oneigaishimasu » (encore une fois s’il vous plaît ) haha.

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Il y a aussi Ai-San, Ikita-San, Makoto-San, Naomi-San, tous trop trop gentils, de mon âge ou plus âgés. La matin, je travaille souvent avec Gueshi-San, sauf quand lui ou moi sommes en jour de congés, et le soir ça change selon les jours. Le soir, on mange généralement ensemble après le travail. Le matin et le midi, c’est chacun quand il veut selon le travail et les invités. Quand on commence à manger ensemble, on dit « Itadakimasu » pour remercier pour ce repas, c’est un peux différent de « bon appétit ». A la fin, on dit « Gochisosama deshita » pour remercier ceux qui on fait le repas, et il y l’option « Onnaka ga ippai » : je suis plein ! Peut-être un équivalemment de « J’ai la peau du ventre bien tendue » !

J’ai l’impression d’être arrivée il y a 3 jours tellement les journée passent vite ! Je perd un peu la notion du temps, mais il commence à faire un petit peu plus frais, et bientôt les feuilles d’automne vont pouvoir être admirée ! C’est un grand sport national au Japon, peut-être juste après l’observation des feuilles de cerisiers. J’ai hâte de voir ça !

Côté travail, ça se passe bien. Je pense que je suis très loin de la grosse entreprise traditionnelle ! Pourtant il y a quand même quelques petites différences auxquelles il faut s’habituer. C’est un poil moins « bien vu » de prendre des initiatives quand c’est pas la bonne chose à faire j’ai l’impression. Il faut plus observer d’abord et bien comprendre pour refaire ensuite. Moi qui un peu l’habitude de vouloir aller plus vite que la musique, j’ai ralenti un peu. Des fois aussi selon les personnes, c’est moins évident de demander quelques chose ou de préciser un point selon si on peut parler anglais ou pas, mais 99% du temps ça se passe super bien, j’ai de la chance ! C’est loin d’Amélie Nothomb et du récurage de chiotte (j’ai d’ailleurs bien l’impression qu’on s’arrange toujours pour que ce ne soit jamais moi qui le fasse pendant le nettoyage du matin).

Petit à petit j’apprends les mots du quotidien et les trucs du service. Maintenant je peux dire « Maintenant je passe l’aspirateur dans toutes les chambres c’est ça ? » et noter les commandes de boissons en japonais (mais pour ça j’ai un pense-bête!). Je n’arrive toujours pas à comprendre quand les gens parlent, sauf quelques mots de temps en temps, mais ça prend du temps c’est normal ! J’essaie de prendre le temps de continuer à étudier tous les jours avec plus ou moins de succès, les mots rentrent et sortent de mon cerveau presque automatiquement. Il faut du temps pour fixer les nouveaux mots appris et en apprendre de nouveau, ce n’est pas de tout repos, mais c’est toujours aussi divertissant, alors jusque là tout va bien !

Pendant le service du soir, ça passe généralement super vite, mais on peut toujours prendre le temps de discuter avec les convives, savoir où ils vont, ce qu’ils font pour mettre une bonne ambiance ! J’ai rencontré une famille de français qui sont venus au Japon à l’occasion du la coupe du monde Rugby et il sont allé à un match de la France déguisé en mousquetaires. La grande classe sur les photos !

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Et bien sûr, j’ai passé sous silence un élément crucial de cet endroit : le onsen ! C’est à la fois le lieu de relaxation et la salle de bain commune. Une partie pour se doucher assis.e sur un petit tabouret en plastique, et juste à côté, un grand bain en pierre rempli d ’eau chaude. Parfait pour se relaxer après le travail (ou avant, ou les deux). C’est vraiment le luxe d’avoir ça sur place. Après le nsen, on s’endort toujours comme un bébé !

Comme le service du soir, le temps libre file aussi. A part l’apprentissage du japonais, je partage mon temps ente discussions avec Gueshi-san, un peu de ukulélé (trop pratique d’avoir ma chambre à moi pour ça), expérimentation de la calligraphie japonaise (j’ai acheté le matériel à Osaka avant de venir et il y a de super cours sur youtube), balades et randonnées qui sont à 3 mètres de l’hôtel, un peu de lecture (la liseuse que j’ai apporté et des livres sur place en Anglais, et un en Français trop intéressant sur Spinoza de Frédéric Lenoir que je vous recommande prestement : « Le miracle Spinoza »). Il y a aussi l’observation infinie des montagnes, et pouf ça file super vite !

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Un après-midi, j’ai repris un bout de la randonnée que j’avais fait deux ans plus tôt, un régal ! On est vite dans une forêt de conifères, il fait frais, il y a plein d’oiseaux. Et puis il faut le dire, quel régal de marcher sans sac à dos. Un peu de marche rapide ne fait pas de mal pour essayer d’éliminer un peu tous ces délicieux plats servis chaque jour que je finis sans faim mais avec beaucoup de gourmandise ! Et ça aide pour le transit aussi, parce que riz matin midi et soir, mais je crois que là mon estomac commence à s’habituer, il est toujours aussi content !

Pendant un jour de repos, il y a même un autre personne du staff qui m’a emmené en voiture voir des choses dans les environs: un restaurant de Soba (miam miam, des nouilles au sarrasin servies chaudes ou froides avec des tempuras, ces légumes et poissons frits délicatement, tout légers et croustillants), un autre onsen en face d’une rivière, l’océan qui n’est pas loin et visite d’un sanctuaire, super journée ! Lui s’est installé il y a un an environ à 30 minutes en voiture de l’hôtel pour rejoindre des amis et ouvrir une boulangerie ! Il est en train de construire un grand four et tout l’attirail après avoir travaillé plusieurs année dans d’autres boulangeries.

Il y a aussi quelques étrangers installés dans le coin. Un australien que j’ai croisé hier et qui a construit les tiny houses de l’hôtel (pour les volontaires ou les invités qui veulent). Il y a aussi une française que je n’ai pas encore rencontré qui ouvre une guesthouse avec son mari japonais.

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Et, fait incongru, une super star du flamenco est venu jouer ici il y a quelques jours ! J’ai nommé Antonio Reys. Le gérant est super fan de flamenco, il joue de la guitare tout les jours, et il est allé voir cet artiste en concert à Tokyo il y a peu. Alors je ne sais pas comment il a fait, mais il l’a convaincu de venir jouer ici pour un plus petit comité (on a rempli le hall de l’hôtel avec peut-être 60 personnes en comptant les invités qui mangeaient comme d’habitude). Grand succès auprès des japonais.es du coin qui ont été plusieurs à acheter son CD. Et il faut dire que c’était vraiment impressionnant. J’y connais rien en flamenco mais il avait de la magie dans les doigts quoi. De service ce soir là, je n’ai pas pris de photo, mais on a tous fait de grandes pauses pour l’écouter jouer. Fameux, encore plus parce que c’était complètement inattendu !

Bref, c’est un petit lieu de paradis où je sens que le temps va continuer à filer très vite. Il y a quelques jours, le gérant a émit la possibilité que je reste plus en étant payé si je prend bien en main le job dans ces deux mois, à voir … Je n’ai pas encore de plan pour l’hiver, je dois juste retourner à Osaka vers mi-décembre pour finir les papiers administratifs, avoir un numéro de téléphone et un compte en banque pour payer la sécu et transférer de l’argent à moindre coût. Je sais que je veux aller sur l’île de Shikoku au printemps pour faire un petit bout d’une autre randonnée / pèlerinage qui fait le tour de l’île et de ses 88 temples. Il y a aussi tout un réseau de petites îles au nord de Shikoku qui apparemment sont super sympa à explorer en vélo … tout un programme ! J’ai aussi repéré quelques autres échanges de service qui ont l’air chouette, donc on va voir comment la suite se goupille ….