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Un mois chez une famille japonaise

Pour cette fois, j’ai essayé d’écrire plus régulièrement pour vous donner un aperçu des changements au cours du temps après mon arrivé dans un nouvel environnement. Donc au lieu de faire un bilan après un mois, voici la température prise chaque semaine dans ce nouvel échange de service.

Semaine 1

C’est reparti pour une nouvelle aventure ! J’avais presque oublié qu’il fallait faire des efforts pour s’adapter dans une nouvelle situation, tellement j’avais pris mes repères à Takahara avant ! Après cette parenthèse vélo, je rencontre la famille avec qui je vais rester pour le mois de Février. Il y a Shibata San, le papa, ancien bassiste, qui travaille pas mal à l’extérieur, Michiyo San, la maman, ancienne dessinatrice de mangas, qui s’occupe de la guesthouse et des 3 petits monstres de 1, 3 et 5 ans.

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C’est à Mima, dans une petite ville sur l’île de Shikoku, réputé pour sa rue historique littéralement à deux pas. On est dans une plaine entre deux chaînes de montagnes avec une rivière à côté c’est beau !

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Je donnerais un coup de main pour la guesthouse (accueillir les invités étrangers, préparer les chambres) et faire du babysitting. Et comme c’est la basse saison, c’est surtout du baby sitting pour l’instant !

Un peu moins évident de s’ajouter dans une famille que dans une équipe de travail, je ne veux pas trop déranger les moments familiaux non plus, mais quand même être utile ! Et j’ai de la chance de passer du temps avec eux pour voir comment ça se passe. Le papa est souvent occupé, et je m’organise surtout avec la maman qui parle un peu anglais, alors j’essaye de parler surtout japonais, des fois ça marche bien, des fois non haha.

En gros je joue avec les enfants quand ils sont à la maison (ils vont quand même à la garderie du lundi au samedi matin), j’aide au repas du soir à nourrir ces petits loulous, je fais la vaisselle, et je passe plus de temps avec eux le weekend à faire des cabanes, l’avion ou faire des balades. Et en fait, c’est pas évident quand 2 enfants courent mais pas dans le même sens, je fais quoi ??? Respect à tous les parents qui ont ça ou on eut ça 24h/24 pendant plusieurs années !

Ils sont quand même adorables, très curieux, pleins d’énergie et trop drôle, on rigole bien, et ils m’ont assez vite accepté, c’est chouette.

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C’est un peu moins organisé qu’avant, famille oblige, et je sais généralement la veille ce que je vais faire le lendemain. Mais je suis bien choyée, j’ai une grande chambre avec futon et tatami, je suis bien nourrie, et la maman m’emmène à plein d’endroit avec elle.

On est allé faire et manger des tenpuras chez une amie à elle, avec une cliente à un onsen dans la montagne et aussi manger les nouilles célèbres de Shikoku, les sanoki udon : nouilles fumantes auxquelles on rajoute sauce soja, oignon nouveau et un œuf cru, on mélange et gros sluuurp. Trop bon et nourrissant !

Une fois le papa était parti plusieurs jours pour le travail, donc j’ai pu aller matin et soir à l’école avec la maman pour récupérer les gentils monstres. C’était trop chouette de voir ce grand jardin d’enfants, avec plein de classes où les enfants vont aux toilettes tous seuls même petits, où on se déchausse à l’entrée, et voir plein de gros yeux qui me regarde avec curiosité. Pendant la classe, les enfant ont une super chemise blanche trop classe, enfin au moins les grands.

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C’est aussi génial de vivre dans une maison japonaise ancienne. Il y a un jardin intérieur, plein de bibelots, des matériaux traditionnels pour certains murs et fenêtre. Bon du coup on se pèle souvent, mais il y a des machines chauffantes à l’essence (je crois) dans les pièces communes dont on recharge les bonbonnes. Et cerise sur le gâteau, chaque futon est équipé d’un fin tapis chauffant électrique, super pour juste chauffer son lit et pas toute la pièce. Aussi, comme dans toutes les maisons et guesthouses, on enlève ses chaussures en rentrant, et il y a des chaussons spéciaux pour aller dans les toilettes !

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Pendant mon jour de congés, je suis allée visité de beaux temple environnant à vélo, trop couette de refaire un tour sans les bagages, j’ai même pas eu mal aux fesses en 20 kilomètres ! Super vue et piste cyclable le long de la rivière, un régal !

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Semaine 2

Petits downs cette semaine, un peu maladou, et je crois que la famille m’aime bien mais n’a pas vraiment prévu de devenir super pote avec moi, ce que je comprend. Je crois que je rencontre un peu plus un certain aspect du Japon où il y a des limites entre les individus, et on ne laisse pas la première personne venue rentrer si facilement dans son monde. Et c’est si ça se trouve pas forcément spécialement japonais. Aussi ici je reste juste un mois, finalement c’est court par rapport au 3 mois à Takahara où j’ai pu tisser des liens plus fort avec les gens. Il y aussi le fait que la communication avec mon japonais est carrément limité.

Mais, même si l’hospitalité légendaire de mes hôtes précédents me manque un peu, on s’occupe quand même bien de moi ! J’accompagne la famille et les guests au resto quand ils y vont, je me fais emmener à l’onsen avec les guests, c’est quand même pas cendrillon dans son placard à balais !

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Ce qui est chouette, c’est qu’il y a une japonaise juste un peu plus âgée que moi qui est cliente « longue durée » jusqu’au 18. Freelance à Tokyo, elle vient prendre un peu l’air et travailler à distance ici. Avec elle, c’est très facile de discuter, elle me met carrément à l’aise avec mon niveau de japonais, comprend mes explications alambiquées quand je ne trouve pas mes mots (euuh, c’est quoi déjà l’opposé de la ville ? Ha oui la campagne merci), et on parle de plein de choses : livres, films, être freelance au Japon (spoil : y’en a pas tellement encore, et pas super évident de trouver des clients dans son domaine de design graphique, plus courant en IT), le fait d’avoir des enfants (comme moi elle est pas pressée), le fait qu’au Japon il est attendu d’une femme mariée qu’elle s’occupe de ses parents et ceux de son conjoint quand il vieillisse (les mecs c’est juste leur propre parents), et la piété familiale est carrément forte. Bref super intéressant, trop contente de l’avoir rencontrée !

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J’en ai profité pour carrément me reposer et lire (j’ai bientôt fini la trilogie 1Q84 de Murakami, trouvé en anglais ici), faire des crêpes et un gâteau au chocolat qui aura sûrement une deuxième édition sous peu.

J’ai aussi découvert un peu plus le caractère des enfants, qui sont aussi colériques, jaloux et capricieux des fois (j’imagine comme tous les enfants) et que purée, en gérer 3 en même temps tout en essayant de leur transmettre des règles ou des concepts, c’est grave la galère ! Respect pour les parents !

Semaine 3

Un peu les montagnes russes du moral en ce moment. Un peu le froid, mais surtout je crois que ce qui me manque c’est une bonne et franche rigolade avec la famille ou les copains copines ! Dans la famille, tout le monde est gentil et tout, mais on n’a toujours pas créé de relations particulières. Depuis que la japonaise sympa est partie, j’ai plus d’ami.e.s !

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En arrivant à Takahara ça avait un poil comme ça au début, mais c’était vite passé. Avec l’arrivée d’autres woofers notamment. Et du coup je repense à une conversation avec une américaine à Osaka où elle parlait de sa situation au Japon : mariée à un japonais, avec un boulot de prof en attendant de trouver quelque chose qui lui convient mieux, comment elle avait rencontré son mari. Elle disait que dans leur relation au début, et plus largement au Japon, sa personnalité avait un peu changé, pour tendre vers la « norme » ici : elle était devenue plus réservée, faisant plus attention à ses faits et gestes vis à vis des autres pour ne pas déranger, moins exubérante, plus lisse et plus sur la réserve avec les gens.

En fait je crois que j’ai fais pareil, un peu inconsciemment jusque là. Peut-être aussi parce que je veux essayer de parler japonais aux gens, ça limite aussi forcément la conversation, je me sens moins légitime, je comprends moins, et c’est forcément dur de dire comme on voudrait dire dans sa langue maternelle ou en anglais ! Mais je constate aussi que je vais moins créer les interactions avec les gens qu’en France, où alors j’attends un peu de voir comment sont les gens avant d’essayer d’approfondir. Je n’ai pas envie de déranger les gens, mais c’est carrément une fausse excuse. Et je pense que ça doit carrément jouer sur les relations créés (ou pas du coup) avec les gens.

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Bon après, on peut pas s’entendre trop bien de ouf avec tout le monde, il y a des moments où ça clique tout de suite, ou après un peu de temps, et d’autres fois non. Je crois que c’est un petit mélange de tout ça. Mais du coup, je me rend compte de l’importance de bien connecter avec les gens pour mon bien-être (alors que j’ai une petite tendance ermite, surtout en hiver), et je suis méga reconnaissante à mes proches parce qu’on garde des relations trop chouette même à distance, qu’elle qu’en soit la fréquence. Merci !

Je crois aussi que les enfants ça fatigue plus les nerfs que faire les lits haha ! Encore une fois, respect pour les parents parce qu’avec les petits qui crient et pleurent même si c’est pas souvent, et ben ça pompe de l’énergie de fou (bon en plus ils sont trois). Qu’est-ce que c’est mieux quand ils sont contents de jouer à l’ours ou à cache cache !

Bon mais après le moral est remonté j’ai fait du vélo et de la rando, ça m’a fait du bien de sortir ! On a aussi visité un atelier de poterie avec un four ancestral géant en forme de plusieurs vagues (oui alors bon faudra imaginer parce que j’ai pas pris de photos !). On a fait des gâteaux au chocolat avec les enfants, on allé plein de fois au resto, on a visité une ferme de fraises où pour un prix fixe, tu peux manger toutes les fraises que tu veux pendant une heure (avec un petit de 1 an dans les bras, il faut de l’endurance, mais il a vite finit de manger et ensuite il me nourrissait de fraises, donc ça va). On a aussi fait un essayage de kimono car un ami en a donné plein à la famille, trop bien de revoir comment on le met, même si je ne saurait vraiment pas comment le refaire !

J’ai aussi rencontré une française qui avait jadis fait aussi un échange de service avec cette famille. Elle vit maintenant à Kyoto et a le rythme de vie d’un.e japonais.e moyen.ne, c’est à dire qu’après mercredi, elle a déjà fait 40 heures de boulot, qu’il y aura le samedi et des fois le dimanche, et les heures sup’ sont rarement payées. Mais elle est contente de pouvoir vivre au Japon, c’est le moyen pour.

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J’ai aussi hâte de repartir en vélo, je teste des idées d’itinéraires, je change, j’ai hâte ! J’ai récupéré un sac pour mettre mon vélo dedans - obligatoire pour pouvoir prendre le train avec au Japon, il faut que je le teste et m’entraîne ! Grâce à ma meilleure supportrice de voyage, j’ai nommé Maman, j’ai aussi récupéré mon matériel de camping pour les prochaines aventures. J’avais laissé de la place dans les sacoches, ça devrait rentrer, avec la tente par dessus !

Le 10 Mars, je vais revoir une japonaise prof d’anglais rencontrée à Takahara, qui rentre voir sa famille. Une chouette opportunité de voir une autre famille et de revoir une chouette connaissance ! Entre temps, je vais adopter un rythme de balade sans montagnes, pépère sur mon vélo pour reprendre le rythme et tester les terrains de camping gratuit, en fait assez nombreux au Japon !

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Semaine 4

Plein de belles rencontres cette semaine, le moral est carrément de retour ! D’abord une japonaise qui parle trop bien anglais, dont le rêve est de pouvoir travailler en Angleterre. C’est une connaissance de la famille, on s’est croisée par hasard, et on a repris un café ensemble plus tard. C’était trop bien de pouvoir avoir une « vraie » conversation où je peux dire tout ce que je veux en anglais et surtout comprendre vraiment la réponse des gens haha.

Il y a aussi un américain qui est arrivée et qui va rester dans la guesthouse un mois ou deux en tant que client pour s’entraîner en Aïkido. Pareil, on a bien pu discuter et en plus il a eu une vie méga remplie : vétéran de l’armée américaine, ancien interrogateur qui s’il le pouvait ne referait pas l’armée avec toutes les guerres qu’il a vu, et qui font entre autre qu’il a eu plus de 20 chirurgies dans sa vie avec quelques passages dans le coma … Aussi un entrepreneur qui a participé à de multiples déminages dans le monde, maintenant dans la sécurité, les drones et la fabrication d’huile thérapeutique à partir de marijuana. Ah oui et il est aussi batteur, mormon, il habite en Oregon à côté des résidences de vacances de Johnny Dep et Santana … On sait jamais qui ont va rencontrer en voyage !!

Du coup, grâce à lui et la maman, j’ai pu m’incruster à son premier cours d’Aïkido pour essayer un peu et regarder. Le prof est apparemment le meilleur de Shikoku, il a commencé à 19 ans et avant d’être professeur, il a suivit une formation intensive de 5 ans avec 7h d’Aïkido par jour, sauf le dimanche (le dimanche c’est 12h !). C’était très impressionnant de voir le cours en vrai, d’essayer un peu. C’est vraiment accessible quelle que soit sa force ou son gabarit. Le but étant d’utiliser la force de l’adversaire pour le neutraliser, sans lui faire mal non plus. C’est presque comme une danse quand ce sont les expérimentés qui pratiquent ! Même si les chutes sont impressionnantes, alors qu’elle sont bien contrôlées. Super expérience !

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Je suis aussi allée en vélo visiter une fabrique de papier traditionnelle. Trop génial ! Les fibres de trois types d’arbustes sont utilisées depuis des générations pour créer différents types de papier. Maintenant cette fabrique crée plein de papiers différents utilisés en calligraphie, par des artistes, pour des cartes de visites, pour créer des objets … C’est beau, c’est fin, il y a toutes les tailles et couleurs, et beaucoup de teinture indigo qui est aussi une spécialité de la région. J’ai fait des cartes postales lors d’un atelier, et j’ai aussi vu le staff qui était en train de fabriquer un carré de papier géant suite à une commande. Impressionnant !

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Bref super dernière semaine ici. Pour l’anecdote, j’ai enfin essayé de mettre le vélo dans le sac de transport pour prendre le train. Pour pouvoir raccourcir ou aller plus loin. En fait, c’est trop galère parce qu’il faut que j’enlève le panier en métal, les pédales, la roue avant et du coup le garde boue et la lampe dynamo. Et surtout le vélo est méga lourd, alors que je doit aussi porter les sacoches, la tente, mon sac à dos et le panier en fer … impossible toute seule ! Donc j’ai encore révisé l’itinéraire pour faire sans train, tout en gardant le sac en cas de gros soucis sur le vélo pour quand même pouvoir le ramener à son propriétaire.

Je vais aussi essayer de faire un peu de couchsurfing pour alterner avec la tente et rencontrer de nouvelles personnes, continuer à explorer le Japon !

Bientôt des nouvelles à bicyclette !